la souffrance au travail

Souvent, des petites phrases « anodines » se glissent, au hasard d’une conversation. Des propos maladroits, des routines verbales, que l’on pense  bienveillants mais qui abîment à notre insu la relation avec nos collègues, collaborateurs, clients. Car les gens ressentent et traduisent vite le sens caché derrière les mots: le refus de l’autre. On croit que l’échange au quotidien est intuitif, que c’est un talent, une facilité. Et bien non. Le parler, qui nous lie aux autres, ça se travaille afin de rester naturel et vrai. Démonstration.

Certaine petites phrases qui paraissent anodines ont en fait une signification plus profonde et sont parfois mal perçues par vos collègues, collaborateurs ou clients. Les échanges quotidiens doivent faire l’objet d’un certain soin si on souhaite préserver des relations de qualités et efficaces dans le cadre du travail.

Exemple n°1: « Tu n’aurais jamais dû. » C’est un jugement qui culpabilise l’autre, en faisant abstraction de son investissement. Son interprétation est alors double. Il n’a pas obtenu de résultats honorables et Il n’a pas respecté les normes, les règles. Cela le peine. Du coup, il va se justifier,  » je ne savais pas… » déclenchant une escalade d’arguments néfaste à l’efficacité au travail.
Dire plutôt « Tu pensais bien faire ». C’est le comportement qui est critiqué, et pas l’intention. Reconnaissant à l’autre sa bonne volonté, vous ouvrez la voie à une amélioration future. Il sera plus enclin à réparer son erreur… avec votre aide.

Exemple n°2: « Tu ne peux pas dire ça. » Ah oui, et en vertu de quoi ? Vous privez l’autre du droit de s’exprimer, de ressentir, sans prendre de gants en plus. Vous la jouez en frontal, malgré vous, : l’autre a tort, le ton va monter.
Dire plutôt: « Je ne demande qu’à être convaincu. » Se mettre en retrait, en posture d’écouter, permet à votre interlocuteur d’aller au bout de ses arguments. Sur le fond, vous ne lâchez rien. Quitte à conclure que sincèrement, vous estimez avoir raison.

Exemple n°3: « Si j’étais toi, je ferais… » Là, vous tuez la relation, déniant l’existence même de l’autre. Vous l’empêchez d’avoir son opinion, en vous mettant d’autorité à sa place. De fait, vous désiriez lui donner un conseil, mais vous devenez un donneur de leçons.
Dire plutôt: « Dans cette situation, tu pourrais… » Avec ces mots, vous ne vous substituez pas à lui. Vous lui ouvrez des perspectives, des possibilités, en lui laissant son libre arbitre.

Exemple n°4: « C’est super facile, tu ne peux pas te tromper. » Vous niez la difficulté, du coup vous rabaissez l’individu, sous-entendant qu’un enfant y parviendrait. En outre, vous oubliez la relativité de l’effort : pour vous c’est facile, pour lui non. Il comprend « débrouille-toi ! »
Dire plutôt : « Oui, ce n’est pas évident, je t’explique. » Vous convenez de la difficulté et donnez des éléments pour l’aborder sereinement. Ce qui renforcera la coopération entre vous deux.

Exemple n°5: « C’est pas mal ! ». Il y a plus enthousiasmant comme appréciation. La formule est condescendante et négative. Et puis, vous n’apportez rien à l’autre, avec de l’indifférence, du « bof  » dans ces propos. Loin, peut-être, d’une authentique satisfaction.
Dire plutôt: « C’est bien, ça pourrait être encore mieux. » Vous reconnaissez la valeur de ce qui a été réalisé, ce qui crée chez la personne l’envie, l’appétence, la volonté de s’améliorer. Vous lui transmettez de l’énergie.

Exemple n°6: « Pour être transparent avec toi… » Est-ce à dire que les autres fois vous mentez ? Vous manipulez ? Avec certains et pas avec d’autres ? Le doute est permis. En réalité, vous voulez éviter de nuire à votre interlocuteur en lui donnant les clés de compréhension.
Dire plutôt : « La raison pour laquelle…, c’est… » Vous montrez que vous avez mesuré que la décision avait un fort impact sur l’individu. Dès lors, il vous saura gré que vous lui clarifiez les choses en explicitant les contraintes, les critères, le contexte.

Exemple n°7: « Je vais essayer. » Une telle affirmation vous engage à moitié, puisque avec l’idée de l’essai, vous vous réservez la possibilité d’échouer ou de revenir en arrière. De fait, vous n’êtes pas sûr de réussir, mais vous confondez obligation de moyen et obligation de résultat.
Dire plutôt: « Je vais le faire. » Vous signalez une implication, vous êtes prêt à faire le maximum. Certes, vous n’êtes pas maitre du résultat, mais vous êtes maître de vos actions. C’est positif

Exemple n°8: « Je le fais dès que j’ai le temps. » Sentence terrifiante ! Elle sous-tend que l’autre est le cadet de vos soucis, vous êtes bien trop occupé. La demande restera donc en bas de votre « to do list ». L’interlocuteur a le sentiment que ni sa requête ni lui n’ont d’importance. Une position de supériorité que vous affichez alors que vous souhaitiez juste signifier votre indisponibilité à l’instant « t ».
Dire plutôt: « Je le fais dès que possible. » Vous indiquez que vous avez des contraintes à gérer, mais que répondre à la demande vous tient à cœur. La personne est prise en considération, elle peut compter sur vous.

En prenant le soin de respecter votre interlocuteur, vous créez une relation propice qui ouvre les portes à plus de confiance  et donc plus d’efficacité pour l’entreprise. Au passage vous améliorez vos relations interpersonnelles et votre bien être professionnel et personnel.

Pensez-y, entrainez-vous !